Sabato De Sarno n’aime pas recevoir du monde chez lui. “Je n’invite jamais personne”, me confie le directeur artistique de Gucci, qui vit seul dans son appartement du quartier de la Renaissance, à Rome. Enfin, pas complètement seul: Luce, son teckel, roupille tranquillement en face de nous. Son mari, Daniele Calisti, est quant à lui avocat à Bruxelles. “C’est ici que je me détends, que je déconnecte du travail.”
J’ai devant moi un quadragénaire au visage poupin, aux cheveux et à la barbe rasée de près. Assis sur le canapé de son salon, il tripote machinalement le cordon de son sweat-shirt Jurassic Park. Autour de lui, les murs sont décorés d’oeuvres contemporaines, parmi lesquelles des peintures de Jannis Kounellis et de Sidival Fila, ainsi qu’une gravure de Pier Paolo Pasolini. Sur les meubles minimalistes sont entreposées des statues sardes symbolisant la fertilité. L’une d’elles est peinte d’un bordeaux intense et profond, la même couleur qui caractérisait son premier défilé pour Gucci en septembre dernier. Une collection baptisée Ancora, qui signifie “encore”, au sens “insatiable”, précise le créateur. “Comme lorsque vous embrassez quelqu’un que vous aimez et que vous n’avez pas envie d’arrêter.” C’est aussi son ambition pour Gucci: imprégner la marque d’un sentiment de passion.
Derrière lui se trouve une monographie sur Valentino, la maison pour laquelle il a travaillé pendant quatorze ans, avant que le géant de la mode Kering ne vienne le chercher pour le propulser à la tête de Gucci, sa marque phare, en janvier 2023. Derrière nous, des portes fermées donnent sur un atelier interdit d’accès, qui semble déborder d’idées pour le défilé de février, de