Dans un petit aéroport en Égypte vers la fin du rallye des Pharaons 1988. Il faut attendre un avion qui nous ramènera vers Le Caire et une correspondance pour l’Europe. Michèle Mouton veut bien attendre, mais pas les bras ballants: « Viens, on va jouer aux cartes. » Je réquisitionne le cameraman, un autre journaliste, et nous voici assis par terre en train de taper le carton. Elle ne s’arrêtera pas tant qu’elle ne sera pas assise dans l’avion et, là, elle ouvrira un livre, un roman. L’inactivité, elle ne connaît pas.
Et pourtant, cet aspect ne constitue pas sa caractéristique principale. Ce serait plutôt Michèle et ses yeux noirs. Peut-être sont-ils devenus plus doux avec l’âge mais, à l’époque, ils vous vrillaient directement, entourés et appuyés par une chevelure de jais que l’on pouvait qualifier de luxuriante. Pas étonnant que, lorsqu’elle a gagné le Championnat d’Allemagne des rallyes avec la Peugeot 205 Turbo 16, les Allemands l’aient surnommé le « Volcan noir». Outre son talent, qui a fait de Michèle Mouton ce personnage de renom dans la course automobile? Incontestablement son papa, Pierre Mouton, qui lui a payé sa berlinette Alpine et ses premiers pas en compétition. Un homme sobre, sérieux, de peu de mots, et connaissant le fruit du travail. Mais l’autre partie de la destinée s’appelle la Ville de Grasse où Michèle Ses débuts avec les Grassois, qui aimaient comme elle le rallye, Michèle s’en souvient mais le vrai pas en avant, la vraie décision revient à M. Mouton et à la berlinette.