Julien Gracq, à qui un pèlerin était venu demander ses secrets d’écriture, avait eu cette phrase : Irène Frain, lorsqu’on lui a proposé d’animer un atelier d’écriture, s’en est souvenue. D’où sa réticence. Que répondre en effet à ces. Hélas, il n’en est rien. La romancière, qui a, à son actif, une trentaine de livres, dont prix Interallié 2020, le sait bien. Aussi ne nous livre-t-elle dans ce récit aucun « truc », aucun « bout de ficelle », préférant lever le voile sur les coulisses de l’écriture. Tout a commencé très jeune, vers 12 ou 13 ans, lorsqu’elle bombardait ses amies de lettres. C’est à cette époque qu’elle se représente l’acte d’écrire comme un séjour dans une autre maison que la sienne. Un fantasme qui ne la quittera jamais. Parmi ses lectures, il y aura qui lui fera forte impression et qu’elle relira chaque année avec dévotion. Comme la fillette au lapin blanc, la romancière nous entraîne de l’autre côté du miroir, là où se fabriquent les livres. Point de magie pour autant. Écrire peut être aussi une expérience ingrate : Elle est accompagnée, dans ce voyage aux confins de l’écriture, par les plus grands auteurs, d’Aragon à Tolstoï, en passant par la marquise de Sévigné. Une balade aussi réjouissante qu’érudite !
