SVHS : En 1980, la théorie d’un impact météoritique cataclysmique est proposée pour expliquer l’extinction de masse du Crétacé-Paléogène à l’origine de la disparition des dinosaures. 43 ans plus tard, que sait-on de cet événement ? De quoi sommes-nous absolument certains ?
Éric Buffetaut : L’impact météoritique est une certitude. Tous les indices permettent de conclure qu’une météorite s’est bien écrasée sur la Terre à la fin du Crétacé. On ne trouve guère plus de personnes qui disent que l’impact n’a pas eu lieu : les preuves sont très convaincantes et, dans un certain sens, indiscutables. Ce n’était pas le cas il y a 43 ans. Cette théorie était alors révolutionnaire et très surprenante pour beaucoup de membres de la communauté scientifique.
SVHS : Quels sont les premiers indices qui ont amené à formuler cette hypothèse ?
En premier lieu, c’est la découverte un peu fortuite, en 1980, d’un pic d’iridium considérable juste à la limite entre le Crétacé et le Paléogène. Au départ, le géologue américain Walter Alvarez, associé au physicien Luis Alvarez, son père, et aux chimistes Frank Asaro et Helen W. Michel, étudiait la teneur en iridium dans les roches autour de la limite Crétacé-Paléogène pour essayer de mesurer le taux de sédimentation. Ils partaient du principe que l’iridium était d’origine extraterrestre et qu’il y en avait un flux constant. Or, ils se