PASSER UNE HEURE EN SA COMPAGNIE, c’est la garantie de frémir face aux menaces qui guettent l’Occident, de s’amuser de ses formules provocantes, mais surtout de bénéficier d’une vision puissante qui s’ancre dans l’histoire tout en se projetant loin. Chercheur à la Hoover Institution de l’université Stanford (Californie), l’historien britannique Niall Ferguson livre, en exclusivité pour L’Express, ses analyses, toujours iconoclastes, de l’enchaînement de crises géopolitiques.
Alors que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale américain, avait assuré que « la région du Moyen-Orient [était] plus calme aujourd’hui qu’elle ne l’[avait] été depuis deux décennies », une semaine seulement avant l’attaque du Hamas, vous avertissiez depuis janvier que le Moyen- Orient pouvait être la prochaine crise dans une cascade de conflits. Pourquoi?
Niall Ferguson La situation au Moyen-Orient était instable pour plusieurs raisons. Israël était profondément distrait par ses clivages politiques intérieurs. L’administration Biden avait relâché la pression sur l’Iran. Et le rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite était clairement perçu comme un danger du point de vue iranien. Voilà pourquoi mes sources, toute cette année, n’ont cessé de me prévenir que tout pouvait exploser.
De surcroît, l’historien que je suis s’est rendu compte d’un schéma récurrent, que j’ai évoqué dans [2021] dans le sillage d’une crise majeure telle une pandémie, une cascade de conflits tendent à se produire. Après le Covid-19 et la