Dans une récente interview à The Economist, le chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, a qualifié d’« impasse » la guerre sur le front russo-ukrainien Partagez-vous cette analyse ?
Pierre Lellouche. On va, au mois de février prochain, entrer dans la troisième année de cette guerre. En cette fin d’année, la situation devient extrêmement problématique pour l’Ukraine et pour la stratégie mise en place par les Occidentaux. Au tout début de leur invasion, les Russes ont subi un échec massif devant Kiev, puis à l’Est. Devant cet échec, puis la contre-offensive réussie par les Ukrainiens à l’automne 2022, les États-Unis, suivis par les Européens, ont décidé de donner à l’Ukraine tous les moyens militaires pour percer les défenses russes et gagner militairement cette guerre.
Or cette stratégie est en train d’échouer de façon spectaculaire. Sur le plan militaire, l’offensive lancée au mois de juin dernier, malgré l’aide massive apportée par les alliés, n’a pas donné de résultats probants. De l’aveu même du chef d’état-major ukrainien, nous sommes dans une situation qui ressemble à la Première Guerre mondiale, avec les drones en plus. Au total, on estime que cette guerre a déjà fait 500 000 morts et blessés des deux côtés. L’Ukraine est saignée à blanc. Son PIB a chuté de 30 % et huit millions d’Ukrainiens ont dû quitter le pays. À ce stade, on ne voit pas comment l’armée ukrainienne peut raisonnablement espérer gagner cette guerre qui s’installe dans la