Au sein des Maisons de joaillerie de la place Vendôme, l’intérêt de la clientèle pour des pièces graphiques est croissant. Comme chez Collector Square, le leader européen des produits de luxe de seconde main: « On observe une forte demande pour les collections aux dessins iconiques comme Love ou Juste un Clou de Cartier, la ligne Alhambra de Van Cleef & Arpels ou encore la collection Serpenti de Bulgari », explique Osanna Orlowski, la cofondatrice de Collector Square. Des pièces de joaillerie pour tous les jours, faciles à porter, qui ont aussi l’avantage d’être des valeurs sûres. À côté de ces collections rééditées, la clientèle s’oriente également vers des bijoux de collection, à l’instar des créations de la Maison René Boivin, réputée pour ses bijoux associant l’ébène à des matériaux précieux. « Après un gros boom de l’Art déco, l’attrait pour les créations des années 1960, 1970 et, depuis peu, des années 1980 est significatif », développe Osanna Orlowski, avant de poursuivre: « Des bijoux graphiques à l’instar du bracelet Spiga de Bulgari, en maillons géométriques bombés, ou le collier signé Georges Lenfant pour Van Cleef & Arpels, à la maille XL, partent à la vitesse de l’éclair. »
TRÉSORS DU PASSÉ
Pour saisir l’impact de la tendance graphique dans l’univers de la joaillerie, rien de tel que de s’offrir un détour par les archives. Au 26 place Vendôme, ce voyage à travers le temps au sein de la Maison nous conduit Outre-Manche, à la découverte des joyaux de la Couronne d’Angleterre. Une pièce attire notre attention en particulier: une broche double clip en aigue-marine et diamant acquise par le duc de Kent en 1937, qui sera offerte à la princesse Elizabeth à l’occasion de son 18e anniversaire en 1944. Devenue reine, imaginée par Claire Choisne, la directrice des créations Boucheron. « », confie-t-elle. Elle les revisite avec une série de dix-huit pièces contemporaines, qui célèbrent le multiporté. Notre coup de cœur? Le modèle en version monochrome, diamants blancs sur or blanc, à porter en barrette, en broche, ou clipé sur un ruban de cuir d’une teinte éclatante. Remettre à l’honneur ses trésors vintage, c’est aussi ce qu’a fait récemment . En 2019, la Maison dévoile quatre versions du bracelet . Créé en 1934, ce modèle évoquant une ceinture précieuse a été baptisé du surnom de Louis Arpels, l’un des membres fondateurs de la Maison. Dotée d’une maille flexible aux lignes graphiques, la manchette fait mouche à son lancement avec sa silhouette subtilement rythmée. Un traceur stylistique que l’on retrouve dans trois des quatre propositions qui déclinent une mosaïque captivante, formée par des maillons hexagonaux ornés en leur centre d’une pierre précieuse en serti étoilé. Toujours place Vendôme, nous invite à remonter le passé, direction les années 1970. C’est dans cette décennie festive et profondément libre, qu’ont été inventées deux icônes magistrales de la Maison: et . En 1969, le designer Aldo Cipullo défie les attendus joailliers en signant un bracelet aux lignes pures, composé de deux arcs de cercle rigides que l’on doit visser pour les assembler. Un design radical, chargé de symbole, qui plaît autant aux femmes qu’aux hommes. Un an plus tard, le joaillier réitère son coup d’éclat avec la sortie de , un bracelet formé par deux arcs de cercles de forme tubulaire et ponctué d’un clou d’un côté et d’une pointe en losange stylisée de l’autre. Rebelle et provocatrice, la création hisse l’ordinaire au rang de précieux grâce à la pureté de la ligne et à la justesse de ses proportions. En 2019, Cartier convoque une nouvelle fois l’influence graphique dans la collection . Ces bijoux décalés séduisent grâce à leur maille crantée à picots qui se révèle d’une grande souplesse.
