VIE DES VILLES
MÉMOIRE DE PIERRES ET DE GESTES
affirme André Gide dans en retraçant ses souvenirs d'enfance auprès de sa grand-mère uzétienne. Uzès n'est pas en Ombrie, et pourtant, des flots de visiteurs – parisiens, mais aussi britanniques, allemands, suisses, belges, américains… – À Uzès, premier duché de France, l'histoire imprègne donc tout, depuis le pavement des sols jusqu'aux guipures de pierre ornant la tour Fenestrelle. Ce passé prestigieux vibre loin alentour, de village en village, de Collias à Pouzilhac, de Lussan à Verfeuil, et dans toute la campagne entaillée de gorges, semée de capitelles (cabanes de pierre sèche) et de vestiges romains, dont le pont du Gard est le plus spectaculaire exemple. Mais si l'on est fier de l'héritage, ici, on sait aussi savourer le présent. « », dit l'Uzétien, en dressant le couvert au fil de saisons prodigues. Olives picholines, vins d'appellations renommées, fromages de chèvre, miels, fruits et légumes se succèdent sur les étals des deux marchés hebdomadaires, jusqu'au moment où la truffe entre en scène, vers la mi-décembre, éclipsant tout de son éclat noir et attirant des épicuriens du monde entier. Du monde entier, oui, car il faut le redire, sous une apparente placidité, Uzès est devenue un melting-pot, un carrefour où se croisent des trajectoires brillantes et singulières. La ville aimante les entrepreneurs de tous horizons, artistes, écrivains, artisans, cuisiniers, architectes, en quête d'un refuge qui ne soit . Derrière les murs épais des demeures médiévales naît ainsi une effervescence discrète, fermentent des projets, des collaborations, des débats inédits, qui sans cesse réaniment et relancent l'aventure uzétienne.