Enceintes DALI KORE + Electroniques MBL NOBLE LINE
Enfin ! Un an apres le choc de la decouverte de ces magnifiques, imposantes et pour tout dire inattendues colonnes Dali au High End de Munich 2022, occasion nous est donnee, juste a temps pour ce numero, de passer un apres-midi en compagnie de la premiere paire commercialisee sur le sol francais. Entretemps, il y a bien eu une visite a Norager au siege de l’entreprise danoise fondee en 1983 par l’acousticien Peter Lyngdorf, lieu d’une ecoute de trop courte duree a notre gout. En avril, la premiere paire est enfin arrivee dans notre pays. C’est donc dans le vaste auditorium d’Elecson KLS a Paris que nous retrouvons les Kore, servies par des electroniques talentueuses sans etre intouchables : CD-DAC N31, preampli N11 et bloc stereo N21 issus de la serie Noble Line de l’allemand MBL. Pour le cablage, ligne complete Audioquest secteur, modulation et HP serie Firebird. Mais avant de relater ce qui restera comme une des seances d’ecoute les plus marquantes de memoire de chroniqueur, retour sur la technique.
L’an dernier a Munich, Lars Worre, president de Dali, presentait les Kore comme « une renaissance en matiere de design, electroacoustique, ingenierie, et maniere de generer la musique ». Des hautparleurs repenses, reinventes, le tout pousse a l’extreme, avec le souci d’aboutir a un produit ultime a partir de composants tous danois. A commencer par de nouveaux transducteurs performants au plus haut degre ; ils sont cinq, repartis en quatre voies couvrant le spectre de 26 Hz a 34 kHz a ±3 dB avec un rendement de 89 dB et une impedance de 4 Ω pour une puissance admissible jusqu’a 1500 W. Ouch. Le bas du spectre est confie a deux boomers de 11,5 pouces montes chacun dans un volume de 72 litres accorde en bass-reflex a la frequence de 22 Hz. Chacun de ces admirables sumos (voir photo) met en œuvre une double motorisation avec deux aimants et deux bobines placees l’une derriere l’autre (Balanced Drive SMC) afin de concilier efficacite maximale et distorsion minimale. Les membranes utilisent de la fibre de bois en sandwich pour resister a la pression acoustique generee entre 26 Hz et 390 Hz. La meme configuration est appliquee a un medium de 7 pouces a double bobine et aimant neodyme charge des 2,5 octaves essentielles situees entre 390 et 2100 Hz.
Des transducteurs et une mise en œuvre uniques
A cette frequence, un tweeter a dome textile prend le relais, associe a un super tweeter ruban de 10x55 mm au-dela de 12 kHz (EVO-K Hybrid Tweeter). Le dome du tweeter et la bobine mobile sont d’un diametre consequent (35 mm), ce qui aboutit a doubler la surface de radiation par rapport a un dome de 25 mm tout en abaissant fortement sa frequence de resonance. Cela permet de se passer de ferro-fluide dans l’entrefer, avec le benefice d’une meilleure reponse transitoire.
La caisse est obtenue a partir d’une coque en stratifie de bouleau courbe d’epaisseur 28 mm, un panneau avant de 30 mm et de nombreux renforts internes, toujours en stratifie de bouleau. La finition est confiee a un melange de laque vert foret et de placage d’ebene Ammara. Cette coque repose sur une base inerte en fonte montee sur des pieds ajustables. Le poids total est de 140 kg (!)
Le filtre passif est separe en deux sections, grave d’une part, medium-aigu d’autre part, ce qui permet la bi-amplification passive. Il est fait appel a des inductances SMC-Kore a tres faible perte et haute linearite. Meme les embases – gigantesques mais usinees avec une immense precision – sont des creations specifiques. Exceptionnelles de bout en bout les Kore !
L’écoute
C’était notre troisième rencontre avec les Kore ; elle s’est avérée d’un autre type. Sans doute l’association avec les MBL, le câblage Audioquest et ce lieu, le grand auditorium du magasin Elecson KLS à Paris, climatiseur coupé. Tout comme notre souffle. A chaque nouvelle rencontre avec ces divas nordiques à la robe sylvestre, la magie opère, les murs reculent, la musique s’avance et instantanément tout se met en place : la pièce, les interprètes, l’auditeur, tout se fond et devient cohérent. A tel point qu’il faut parfois se pincer tellement ces enceintes nous convient au cœur de l’instant musical, avec cette densité des sons sans pareille, sans aucune limite perceptible en linéarité, accélération, impact, mais aussi en douceur, velouté et sensualité.
Nous ne minorons en rien les électroniques, le câblage, encore moins l’acoustique environnante, puisqu’il se trouve que nous connaissons ce lieu pour y avoir effectué quelques écoutes mémorables par le passé. Ce qui nous permet d’affirmer que les Dali poussent tous les curseurs jusqu’à des extrémités inouïes. Sur des prises de son réalistes, c’està-dire sans effets de mixage ni déphasages, on a le sentiment parfois d’écouter un système ambisonique de haute volée. Sauf qu’en ambisonie, il est nécessaire de disposer de plusieurs haut-parleurs. Ici, on pénètre à l’intérieur de l’œuvre : aucune distorsion perceptible, aucune intermodulation d’un haut-parleur à l’autre, et une puissance acoustique qui permet d’écouter instruments et voix transposés du monde réel, non limités en densité comme en réponse spectrale, et sans stress pour l’auditeur. Ainsi pilotées par les MBL, les Dali Kore nous ont paru encore supérieures à nos écoutes passées, à se demander où se situe leur potentiel véritable.
Face à elles, peu de candidates à opposer – Wilson, Magico, ATC, Martin Logan ? Sans oublier MBL, dont on reparlera. Le prix des Kore est certes imposant, mais lorsqu’on les détaille ainsi, il est plus que justifié. Et si ce prix
