: tel était le titre de son premier roman, paru il y a 20 ans. Depuis, Lola Lafon a imposé la puissance d’une écriture féministe et libre, qui se passe de fioritures tout en scrutant les recoins de l’âme humaine. Ce verbe singulier, elle l’incarne cet. Plutôt qu’une lecture, il s’agit d’un dialogue avec son complice musical de longue date, Olivier Lambert : “Il me lance des mots auxquels je propose des définitions très subjectives – mon obsession ! Il y aura ‘croire’, qui débouche sur beaucoup de questions. ‘Peur’, où j’utilise la liste de collégiens qui m’ont expliqué quelles étaient les leurs. ‘Chien’, ‘cinéma’ ou ‘jamais’, dont j’ai compris l’ampleur physique à la mort de mon père. Et je ne m’interdis pas d’ajouter des termes liés à l’actualité.” Lola Lafon habite les planches d’une présence solaire, mordante, mélancolique. Car, avant de se lancer en littérature, elle s’est illustrée dans la danse et la musique : “Ma première vie a été scénique. Ce que j’en ai conservé, c’est le regard porté sur la salle, et le fait qu’il ne faut pas être spectatrice de ses textes. Mon émotion ne doit pas plus compter que celle du public. Pour ces performances, je reconstruis une narration. De quoi va-t-on parler, ensemble, maintenant ?” Justement, ces derniers mois, elle a beaucoup parlé autour de son dernier livre, . Revenant sur les trajectoires de sa famille, Lola Lafon y relate une nuit passée à l’Annexe d’Amsterdam, où étaient cachées Anne Frank et sa famille durant la Shoah : “En bonne ashkénaze, je ne m’attends jamais au succès. Je craignais que personne ne lise et il a été très bien accueilli. Concernant , j’étais terrorisée par la possibilité cassegueule, voire obscène, du projet.” Lequel a remporté un immense succès. Aujourd’hui, Lola Lafon se pose. Elle retourne au cinéma, considérant comme “un acte artistique de bravoure”. Elle lit. Parmi ses récents coups de cœur, de Cristina Rivera Garza, et de Neige Sinno : deux voix conjurant, via un épatant geste littéraire, la violence faite aux femmes. Et si Lola Lafon remonte sur scène, c’est sans oublier la littérature : “L’écriture permet de dire des choses, pas forcément glorieuses, dont je sais qu’elles sont partagées. J’ai très vite abandonné l’idée que je serais spéciale en écrivant.” On se permettra ici de désapprouver : spéciale, Lola Lafon l’est – indéniablement !
l’autrice : LOLA LAFON
Oct 31, 2023
2 minutes
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits