Trois ans après la mort du couturier, sa famille se déchire autour d’une fortune sans dettes… et sans testament formel. Notre enquête
Le petit-neveu Rodrigo Basilicati-Cardin tenterait-il une spoliation d’héritage ? Pour son entourage, il est juste « très ambitieux »
Un solitaire peut cacher une grande famille. Pierre Cardin, né Pietro, en Italie, était le plus jeune des dix enfants d’Alessandro et Maria, pauvres paysans vénitiens émigrés en France au milieu des années 1920. Disparu à 98 ans, il a eu le temps d’enterrer tous ses frères et sœurs. Lui restaient 22 neveux et nièces, de différents degrés. Ils sont ses héritiers qui se disputent autour de l’authenticité d’un testament en faveur de Rodrigo, le petit-neveu, nommé directeur général de la marque, à l’extrême fin de la carrière de Pierre Cardin. Le fisc pourrait les aider à résoudre leur différend : selon la solution qu’ils choisiront, leurs droits de succession varieront entre 6 % et 55 %…
Châteaux, manoirs, maisons de maître, moulins et commerces… le couturier avait foi en la pierre
Par Catherine Schwaab
Après ma mort ? Je n’y pense pas. Je n’ai rien organisé. Rien. » Je le vois encore me répondre, assis dans son nouveau bureau ensoleillé avenue de Marigny à Paris. C’était en 2020, quelques mois avant sa mort. Le Covid l’avait affaibli, mais « Monsieur Cardin » ne perdait rien de son autorité. Il y avait dans sa voix une forme d’agacement : à 98 ans, il ne se voyait pas quitter la scène. « Pour célébrer