Le harcèlement scolaire a fini par s’imposer, enfin, comme sujet majeur. Il faut dire que les chiffres sont alarmants : près d’un million d’élèves le subiraient chaque année. La scolarisation étant obligatoire, la sécurité des élèves n’est pas une option : elle est un devoir incompressible que les adultes doivent à ces enfants. Or, le compte n’y est pas.
La méchanceté des enfants n’est pas l’apanage de la société moderne, mais les temps ont quand même changé : de brimades jour et nuit. Car rien ne s’arrête ni le soir ni pendant les vacances scolaires, à cause de ces réseaux sociaux qui deviennent parfois le prolongement mortifère des recoins de cour d’école. Les conséquences ne sont pas faciles à mesurer, mais s’esquissent dramatiquement : disparition de l’estime de soi nécessaire à la construction d’un adulte, décrochage scolaire, dépression, enfermement, perte de confiance envers les adultes (censés mettre un terme au harcèlement), défiance envers les institutions (la première, l’école, n’ayant su les protéger)… Certaines situations finissent encore plus tragiquement : il arrive par exemple que de jeunes élèves basculent dans la prostitution après un harcèlement de nature sexuelle.