C’était en 2009, à Marseille. Sous une frange épaisse et des lunettes noires à la Nana Mouskouri, une jeune fille de 16 ans subjuguait de sa voix enchanteresse les juré·es de La Nouvelle Star. Depuis son interprétation a cappella de What a Wonderful World, il y a eu quatre albums, une quinzaine de rôles au cinéma et des récompenses prestigieuses parmi lesquelles un César et une Victoire de la musique. Multiculturelle, féministe, franche, Camélia Jordana incarne une jeunesse absolument d’aujourd’hui. Invitée par l’Élysée à chanter Brel aux Invalides pour l’hommage national aux victimes du 13 novembre, elle est apparue en Marianne au sein nu en une de L’Obs le 22 décembre 2015 et a pris plusieurs fois position contre le patriarcat et les violences policières, quitte à mettre en péril ses projets professionnels. En novembre, elle tiendra le rôle principal du premier film de Mehdi Fikri, Avant que les flammes ne s’éteignent, incarnant une héroïne dont le combat rappelle celui d’Assa Traoré, « masœur », dit-elle.
Cet été, l’artiste tout juste trentenaire nous a accordé une entrevue en visio depuisbéton, Camélia Jordana a grandi dans une maison avec piscine, à La Londe-les-Maures. a-t-elle souvent rappelé au cours de sa carrière, en écho à la montée du Front National dans les mairies des environs. Curieuse et touche-àtout, elle profite de quelques jours de vacances pour avancer sur ses projets personnels : un essai à paraître au Seuil, un documentaire sur la masculinité, une fiction sur une mère et sa fille… glisse-telle, en grignotant un trognon de pomme et en rêvant à sa rentrée. Qui dès septembre s’annonce riche, avec une date à l’Olympia et la promotion de la série pour Disney+.