L’histoire était limpide. En Europe vivait Neandertal. Puis, il y a 45 000 ans environ, une autre espèce humaine appelée Sapiens – c’est la nôtre – s’est, petit à petit, approchée du Vieux continent. Quelques millénaires plus tard, Neandertal disparaissait, tandis que Sapiens y fleurissait. Ce scénario bien connu, c’est celui que le monde de la paléoanthropologie admettait depuis des années. Il est aujourd’hui remis en cause par Ludovic Slimak, chercheur CNRS au Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse. Des suies, des dents et des silex récemment découverts racontent en effet un tout autre récit… Et si Sapiens était arrivé en Europe 10 000 ans plus tôt qu’admis ? Et s’il avait migré en terre néandertalienne non pas une seule fois, mais plusieurs ?
Rembobinons : en 2004, à l’intérieur de la grotte Mandrin, dans la Drôme, le paléoanthropologue découvre des silex vieux de 54 000 ans qui ne ressemblent pas au reste du registre néandertalien. Il nomme cette culture le “Néronien”. Onze ans plus tard, invité au de Harvard (États-Unis), il tombe sur plus de 16. Il lui suffit alors d’un coup d’œil pour reconnaître ces pointes. assure le chercheur.