Connaissez-vous le jeu du panier garni ? Souvent pratiqué dans les foires et les kermesses, il demande aux joueurs de deviner le poids d’un filet rempli de provisions. L’expérience des pesées dans la vie quotidienne permet d’évaluer le poids du filet. Et si l’on appliquait ce jeu à la mesure de la lumière ? À l’estimation de la bonne exposition d’un film ou d’un capteur numérique ? Même si nos appareils modernes intègrent un spotmètre, l’exercice est utile pour plusieurs raisons.
Commençons par un argument philosophique, même s’il paraît déroutant dans. Il en offrit un exemplaire à Henri Cartier-Bresson. Sa lecture lui fut une révélation. Eugen Herrigel (1884-1955) suivait l’enseignement du maître archer Awa Kenzo (1880-1939). Dans la vie quotidienne comme dans l’art du tir à l’arc, Awa Kenzo enseignait que l’archer, l’arc, la flèche et la cible ne forment qu’une seule chose. Transposons à la photographie : le photographe, la lumière, l’appareil et le sujet ne font qu’un. On peut laisser au posemètre la responsabilité de choisir automatiquement l’exposition, mais la deviner participe au processus de création. Évaluer à l’œil la bonne exposition, c’est anticiper la meilleure triade ouverture-vitesse-sensibilité. C’est la sensation de faire corps avec le moment de la prise de vue.