Évidemment, quand on est éditeur, le storytelling est un art que l’on est supposé maîtriser.
Chez les Assouline, c’est peu dire qu’on sait y faire. Si les 18 000 ouvrages, dont le tirage oscille entre 100 et 85 000 exemplaires, publiés en bientôt trente ans, témoignent, chacun à leur manière, de leur capacité à écrire des histoires en mots et en images, ils sont les mieux placés pour raconter leur propre légende. Assouline, c’est une marque, imprimée sur des beaux livres à l’éclectisme de bon goût, « coffee table books » élégants et intelligents que l’on retrouve dans les bibliothèques des vieilles maisons du monde entier comme sur les tables basses des jeunes princesses des réseaux sociaux. Mais c’est surtout une affaire de famille. Les voici donc, tous les trois – le père Prosper, la mère Martine et le fils Alexandre –, la Trinité qui règne sur Assouline, réunis dans une salle de réunion de New York, où ils vivent et travaillent depuis une dizaine d’années (mais ont gardé un accent français à couper au couteau qui fait la joie de leurs amis américains). Interview via Zoom où, comme dans l’entreprise familiale, chacun tient son rôle.
Le père, amateur de costumes croisés, de bons vins et de cigares, des airs d’Hercule Poirot sans la moustache, a la répartie facile et des fourmis dans les jambes : il s’extrait un instant de la pièce, s’exclamant drôlement : « Je n’étais là