Artistes, designers, artisans, créateurs, couturiers, sans omettre plus surprenant encore, horticulteurs et fleuristes, tous font quitter à la fleur, le répertoire suave, parfois mièvre, le champ du « joli » quelques fois suranné, le territoire du motif trop souvent répété. Les scientifiques questionnent ce retour sur le devant de la scène de ce « météore dans une vie végétale ». Marc Jeanson, directeur botanique du jardin Majorelle à Marrakech et ancien responsable de l’Herbier national au Muséum national d’Histoire naturelle constate « qu’il faut effectivement passer par la beauté, que l’émotion ouvre à un état d’esprit qui permet d’aborder le scientifique ». Il vient de récidiver à la galerie germanopratine Signé par sa coopération avec le duo de designers Marie et Alexandre en recréant le jardin-laboratoire suspendu déjà présenté à la Fondation Martell. Ils mettent en avant la sensorialité des plantes, les donnant à voir de façon différente. Leur propos rencontre ceux de la photographe Marion Maimon qui tient son objectif au plus près du pistil, des artistes Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize qui dessinent des jardins fantastiques ressuscitant les dinosaures ou encore d’Idir Davaine qui leur offre dans ses traits déliés, la liberté de l’abstraction. Li Edelkoort, fondatrice de l’agence de prospective Trend Union, et du premier magazine végétal Bloom et Philip Fimmano, ensemble prévisionnistes des modes et tendances futures, rappellent un fait majeur qui résonne avec cette recrudescence florale: le centenaire du mouvement Arts and Crafts. « Il incitait les artistes, les écrivains, les poètes et les designers à utiliser la nature comme force directrice pour construire une société meilleure, en utilisant ». Les vases du designer Marcin Rusak imaginés à partir de « vraies » fleurs ou encore le mobilier en résine fleurie de Manu Crotti résonnent avec leur constat. « ». Face à l’effondrement de la biodiversité, l’objectif affiché de tous est « » comme l’écrit l’écrivain philosophe et pisteur, Baptiste Morizot, « ». Les fleurs en rebuts de plastique et de mégots de William Amor ne démentiront pas cette réflexion!
