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APRÈS LES CRISES, UN SECTEUR FRAGILE, DIVERS ET DYNAMIQUE

Il suffit de se promener dans la rue pour constater que l’appareil photo argentique est devenu un accessoire de distinction, notamment chez les jeunes générations. Ilford Photo, qui effectue régulièrement des sondages, indiquait dans son rapport annuel de l’exercice 2020 que le regain d’intérêt pour la photographie analogique était très vif chez les moins de 35 ans. Sont fièrement portés en bandoulière des boîtiers mécaniques des années 1970 ou 1980. Le marché de l’occasion se porte bien, car nécessité fait loi. En 24×36, qui est le format privilégié du come-back argentique, si l'on met de côté les "appareils-jouets" en plastique de Lomography, seul Leica n’a pas déserté le terrain. Tous les autres acteurs du marché ont peu à peu délaissé ce secteur depuis vingt ans.

Quoi de neuf ?

En octobre 2022, Leica fait renaître le M6. Il est commercialisé à partir de 1984, et près de 175 000 unités sont fabriquées à la main jusqu’en 2002. Soit 9 200 par an. Un rythme d’objet de luxe. Symbolique du savoir-faire des ingénieurs de Wetzlar, ce boîtier manuel mais à posemètre intégré enterre de fait le M7, un semi-automatique produit de 2002 à 2018. Retour à la tradition mécanique qui a fait la gloire du fabricant. Selon Stefan Daniel, vice-président exécutif de la technologie et des opérations, “le Leica M6 est une étape importante dans l’histoire de l’entreprise Leica Camera AG. Depuis 1984, d’innombrables photos emblématiques ont été prises avec le M6; il a fait partie de la gamme des produits pendant plus de dix-huit ans et reste un appareil photo fascinant avec une valeur ajoutée extrêmement élevée. La photographie analogique consciente, en opposition à l’avalanche d’images numériques, jouit d’une grande popularité. Il était donc logique pour nous de produire de nouveau le Leica M6, l’un des représentants les plus appréciés de ce type d’appareils”. La précision mécanique made in Germany se paie : 5 450 € le boîtier nu.

Le M6 rejoint deux autres boîtiers argentiques, le M-A (Typ 127), mécanique sans posemètre, et le MP, qui se différencie essentiellement du M6 par sa molette de rembobinage inspirée du légendaire M3. Le M-A coûte 5 350 € et le MP, 5 550 €. L’objectif le plus accessible en neuf est un Leica Summarit-M 50 mm f/2,4, à 1 735 €. En monture compatible, l’excellent Zeiss Planar T*). Mais rien n’assure qu’il en sortira quelque chose. Commercialiser un boîtier argentique aujourd’hui est un pari risqué. On est loin de l’époque où le Pentax K1000 s’est vendu à plus de 3 millions d’exemplaires sur vingt-deux ans (1976-1997), soit 136 000 boîtiers par an. Un produit de masse comparé au Leica M6. Quand celui-ci se vendait 18 000 F (environ 2 750 €) dans les années 1990, le K1000 valait dix fois moins. En moyen format, l’Hasselblad H6X (8 220 € avec viseur, sans dos ni objectif ), comme ses prédécesseurs H1, H2, H2F, H4X et H5X, peut recevoir les dos argentiques HM 16-32, lesquels ne sont plus fabriqués, mais on peut les trouver en occasion ou les louer chez des spécialistes tels que Matphoto (). Les boîtiers Alpa 12 TC sans décentrement (2 150 €) et 12 avec décentrement (à partir de 4 300 €) peuvent recevoir des dos 6×9 et 6×7 (à partir de 2 800 €) conçus avec Linhof. Les dos Mamiya 6×7 et Horseman 6×9 sont adaptables. Bien plus artisanal, et grâce à l’impression 3D, Dora Goodman () fabrique des appareils modulaires qui acceptent des dos 120 Mamiya Press et RB. Des plans 3D sont téléchargeables pour créer soi-même un système moyen format à l’aide d’une imprimante. Le grand format, toutes proportions gardées, est le rescapé de l’argentique. Si une marque prestigieuse comme Sinar s’est intégralement tournée vers le numérique, Arca-Swiss, Linhof ou Toyo proposent toujours une large gamme de chambres. Ces entreprises ont plus de soixante-dix ans d’existence. 4×5, 5×7, 8×10 ou 11×14 pouces, le choix reste large. Arca-Swiss, installé à Besançon, constate que le 4×5 suscite un fort intérêt chez les jeunes photographes. À côté de ces acteurs historiques, de petites entreprises occupent une part non négligeable du marché. Parmi les plus anciens, actifs dès les années 1990, citons Canham aux États-Unis, Walker en Angleterre. Les fabricants chinois Chamonix et Shen Hao se sont imposés grâce à une politique de prix très compétitifs. En France, Woodyman (), Fasquel & Co (fasquelcameras.square.site) continuent la tradition des chambres folding en bois et en métal. Les appareils rudimentaires des photographes ambulants sont remis au goût du jour par Sébastien Bergeron (). En Italie, Gibellini () ou en Hongrie, Argentum () élargissent l’offre grand-formiste en Europe.

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