aconter Cinecittà, c’est remonter le temps à travers l’histoire de l’Italie, passer du noir et blanc à la couleur. C’est aussi toucher un mythe, longtemps synonyme de glamour et de dolce vita. Plus de 3 000 films y furent tournés dont plus de 90 nominés aux Oscars et 51 récompensés. Fabrique de rêves, elle a forgé l’identité italienne et l’a fait rayonner dans le monde entier. Pourtant, ses débuts sont liés aux heures sombres du pays. Car Benito Mussolini comprend très vite le pouvoir des images, outil idéal de propagande. En 1937, il inaugure les studios de Cinecittà dont l’ambition est de concurrencer Hollywood: 73 bâtiments, 21 plateaux de tournage équipés des dernières technologies, 75 kilomètres de rues, 2 bassins pour les prises marines et des hectares de jardins… À la réalisation, l’architecte Gino Peressutti et ses lignes épurées, fonctionnelles et rationalistes. Le chantier nécessite plus de 1500 ouvriers et dure 475 jours, un exploit. slogan du (2021, Temps noir), Emmanuelle Nobécourt raconte comment les studios sont liés, dès leurs débuts, au pouvoir. En 1938, Mussolini impose le contrôle exclusif des films étrangers importés, verrouillant ainsi les idées contestataires et boostant la production nationale. L’italien, devenu obligatoire sur la toile, balaie la trentaine de dialectes parlés dans le pays. La censure sévit. (1937), le premier film de propagande sorti des studios, est pourtant un flop en salle. Le dictateur, qui vient d’envahir l’Éthiopie, se voit comme le général romain qui s’empare de Carthage. Mais les Italiens, eux, préfèrent rêver devant les films légers des (« téléphones blancs », symbole de la bourgeoisie et d’une nouvelle modernité, loin de la réalité), qui désignent une période d’euphorie entre 1937 et 1941.
Cinecittà, ville ouverte
May 12, 2023
6 minutes
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