Kwon Yeo-sun teste notre attention aux détails, qu'elle distille avec talent. Certains reviennent, obsédants, qui concernent irrésolue et close depuis qu’on ne pourrait entrevoir qu’en seconde lecture, et s’en tiennent moins aux faits et aux circonstances qu’aux répercussions du drame dans l’existence de ceux qu’il touche, de la famille aux suspects et à leur entourage. C’est cela qui occupe plus étroitement cet excellent roman: comprendre ce qui meurt avec les morts. Alors, avec assurance, le récit file à travers les années et change de narratrice, mais toujours il suit l’avancée de Da-on. Personnage troublé qui ne sait plus être ni dans sa vie ni dans son corps, Da-on cherche encore le coupable du meurtre de sa grande sœur, dont la beauté l’insensibilité et les manies bizarres étaient aussi un mystère. Premier roman traduit d’une autrice sud-coréenne qui en a signé plus d’une dizaine, a l’acidité de son titre, qui nous saisit et imprime avec une netteté presque sans larmes l’expérience de la perte, et les plus noirs états d’esprit qu'elle engendre, du déni à la vengeance.
Le goût de la perte
May 04, 2023
1 minute
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