Nous connaissons tous le Cid de Corneille. Mais connaissez-vous le Cid historique, mercenaire des frontières, qui louait sa lame aux puissances musulmanes ou chrétiennes dans l'Espagne Une bonne nouvelle: comme le savent les lecteurs de sa série l'ex-reporter de guerre est l'un des derniers écrivains capables de parler d'héroïsme sans susciter de ricanements. Le Cid historique était connu de son vivant comme un guerrier d'exception. Pérez-Reverte en fait un combattant aguerri mais pas invincible, capable de ruse mais pas de traîtrise, pauvre mais doué pour rentabiliser sa réputation, n’ignorant pas la peur mais sachant la transformer en ressource stratégique… En somme, il rhabille de crédibilité la figure du chevalier médiéval. Le roman montre le Cid dans l'une de ses campagnes, quand, après avoir essuyé le mépris de BérangerRaimond, comte chrétien de Barcelone, il fit engager sa troupe par le superbe Mutaman, roi musulman de Saragosse, en guerre contre son frère, lui-même allié à Béranger-Raimond - oui, à cette époque, soldats musulmans et chrétiens combattaient souvent côte à côte dans les armées. Cette cohabitation suscitait des conflits, mais aussi des fraternités. Ainsi, l'estime réciproque mâtinée de méfiance qui unit le pauvre champion chrétien et son brillant employeur maure est une splendide invention romanesque: de celles qui ont l'odeur des réalités heureuses…
