► Puissance maxi : 132 ch SAE à 5 500 tr/mn► Vitesse maxi : 185 km/h► Cote : entre 20 000 et 70 000 €
Les années 1960… Toutes les Alfa Romeo, à l’exclusion des camions (car Alfa a également commercialisé des poids lourds), mais y compris les berlines et les rares breaks, distillaient à leurs conducteurs la joie de vivre au volant, le « poison volant ». Poison violent qui s’insinue par la paume des mains et dont on a bien du mal à se désaccoutumer, malgré les efforts des pouvoirs publics. Le goût de l’auto, le plaisir des Alfa, l’intoxication au trèfle, passait donc aussi par les yeux, les oreilles et les orteils, sur un pédalier réactif. Procédons par ordre et démontons ce tableau clinique symptôme par symptôme, et l’Alfa Romeo pièce par pièce. La Spider, ou Duetto, fait partie de ces voitures tombées toutes nues, ou tout, « os de seiche ». Vus de face, les flancs seraient galbés comme des joues de poisson-lune, parfaitement convexes, si un long sillon ne les échancrait bien joliment, dénudant la roue. Cette forme, Pinin Farina (en deux mots jusqu’en 1961, un seul ensuite) et ses dessinateurs l’ont imaginée dès 1959, sur un proto Alfa, déjà. Ils ne s’en sont pas cachés, ils l’ont exposée à Genève (tapez « 6C 3000 CM super sport »), tout blanc. Le rouge que la même recherche appelle, c’est l’année d’après. Même base, même idée en moins pur, avec un toit. De grandes autos comme ça, Alfa cesse précisément d’en faire et refuse l’invitation du carrossier. Pinin Farina décline aussitôt la forme sur une base plus petite (tapez « Giulietta SS aerodinamico »). De « déclination » en déclinaison, cette fois tout y est, la silhouette, la triple calandre sous la ceinture de caisse, inclinée en proue. Alfa dit oui, l’auto apparaît pour de vrai en 1966, un mois avant la mort de Pinin, accompagnée d’un joli contrat puisque c’est la Carrozzeria qui la produira, au moins trois ans, à raison de 5000 exemplaires par an., il y en aura plus de 125000! La forme, toutefois, aura changé, avec, dès 1970, la « coda tronca », l’arrière vertical enseigné par la compétition et les aérodynamiciens (Kamm avait prouvé que couper la pointe de la goutte d’eau n’augmentait pas la traînée). Différent, bien joli quand même, jusqu’en 1983. À partir de là, les mises à jour seront plus discutables. En 1966, la Giulia était moderne, sans excès. Un joli train avant, un beau moteur, quatre freins à disque mais un pont rigide, heureusement guidé par des bras longitudinaux. Cet équipage satisfaisant a traversé les années, vieilli en fût de chêne du meilleur tonneau, survivant à plusieurs périodes techniques très différentes chez Alfa Romeo. Le Spider Giulia 105 aura vu passer les gammes avec boîte à l’arrière et barres de torsion, ainsi que les Alfasud, et il mourra au millésime contemporain des grandes Alfa traction avant, les 164 !