Vanity Fair France

L’IMPOSSIBLE mademoiselle BB

FICTION

À l’hôpital, une ravissante jeune femme blonde en manteau blanc chaloupe dans un couloir. Tout le monde se retourne sur son passage, mais elle semble ne pas y prêter attention. Elle est reçue, dans un bureau, par un monsieur en blouse blanche. Elle craint d’être enceinte et veut en avoir le cœur net. Elle pose un flacon sur le bureau, remarque une lapine enfermée dans une cage juste à côté : « Vous allez lui faire quoi ? » Le médecin, saisissant l’animal :

« On va lui injecter votre urine. Si les ovaires s’enflamment, ça veut dire que vous êtes enceinte.

– Mais après, vous allez la refermer ?

– Ce n’est pas vraiment prévu... On ne m’avait jamais posé la question. »

Elle repartira quelques jours plus tard avec la confirmation de sa grossesse (une mauvaise nouvelle pour elle) et la lapine, recousue.

Cette jolie blonde, c’est Brigitte Bardot, et la scène est tirée de Bardot, biopic de France Télévisions en six épisodes écrit et réalisé par Danièle Thompson et son fils Christopher. « Ça peut sembler fou mais c’est bien comme ça qu’on faisait les tests de grossesse dans les années 1960 », s’exclame Danièle Thompson. La cinéaste me reçoit par une claire après-midi hivernale dans son bureau sous les toits de Paris. Un chat gris gratte à la porte. Autour de nous, d’innombrables photos, souvenirs d’un demi-siècle de vie et de travail. Un clap de Cézanne et moi, son dernier film ; un dessin de Plantu ; des tonnes de livres, dont pas mal de biographies ; une vieille affiche de la Comédie-Française datant de 1939, quand son père, Gérard Oury, y débuta dans le rôle de Britannicus.

Bizarrement, pas de trace visible de Brigitte Bardot. Durant cinq ans, Danièle et Christopher Thompson ont empoigné le mythe BB comme on manie des pains de dynamite, avec assurance et délicatesse. La scène de la lapine, par exemple, ne s’est pas réellement produite mais « elle est historiquement juste et permet d’introduire l’attachement de Bardot aux animaux », précise la réalisatrice. Rester vrai, donc, mais sans avoir peur d’inventer. En se basant sur une documentation pléthorique, imaginer ce qui s’est passé et dit hors champ. Avec pour objectif d’être « le plus romanesque possible. » « Bardot, ajoute-t-elle, c’était naturel d’en faire un personnage de fiction. »

La série raconte la Bardot des débuts, de 1949, année de sa première couverture deà sa tentative de suicide le jour de ses 26 ans, en

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