Quand tant d'auteurs prétendent vous enseigner la vie et ses mille joies, l'Américaine Sigrid Nunez nous instruit de la mort et de ses mille deuils. Avec toujours la même Cela tombe bien car Sigrid Nunez en sait long sur la beauté et la tristesse. Son précédent roman, sur la perte d'un proche, la mort d'un chien et la fin d'une époque aimée, avait reçu le National Book Award et notre admiration éternelle. Le suivant, mérite son titre pris à Simone Weil: il raconte un séjour auprès d'une amie de jeunesse atteinte d'un mal incurable, séjour devant se conclure par un suicide! Mais comme le dit l'amie: Promesse tenue, sans recours exagéré à l'humour noir, mais avec un prodigieux déploiement d'intelligence: Ici, l'humour n'est pas politesse du désespoir: il est l'arme d'une lucidité à la fois sans concession et pleine de compassion. Oui, les attentions dont nous entourons nos proches mourants révèlent notre humanité. Elles montrent aussi notre solitude, chacun dans la bulle de ses propres tourments, notre impuissance face à la mort, et le dérisoire de vouloir sauver quoi que ce soit par l'écriture. Seul un grand auteur peut dresser devant lui un tel miroir…
