10 D CEMBRE 2020. DANS LE P NITENCIER FÉDÉRAL de Terre Haute, dans l’Indiana, Brandon Bernard n’a plus que quelques heures à vivre lorsque le Président Donald Trump reçoit un appel de la dernière chance. Au bout du fil, ce n’est pas la famille de Bernard. Ce ne sont pas ses avocats, ni les représentants du département de la Justice, lesquels avaient recommandé, quelques jours plus tôt, d’épargner la vie de ce détenu.
Non, il s’agit de Jamal Fincher Jones, plus connu sous le nom de Polow da Don, un producteur de musique à qui l’on doit des titres comme “Pimpin’ All Over the World” de Ludacris et “Anaconda” de Nicki Minaj. Jones ne connaît pas Bernard, mais le fait d’avoir publiquement soutenu Donald Trump pour sa réélection lui garantit d’être écouté. Cependant, il est trop tard. Quelques jours plus tôt, le Président a promis à la famille des victimes que l’exécution aurait lieu. “Désolé. Je ne peux rien faire.”
Bernard se trouve déjà dans la chambre d’exécution. Plus tôt dans la soirée, la Cour suprême a rejeté la demande de ses avocats de repousser l’échéance. La décision du Président a scellé son destin. Son dernier appel, Bernard le passe à ses avocats et à son équipe, avec lesquels une amitié s’est forgée. Il leur répète qu’il les aime, puis la ligne coupe. Peu après 21 heures, on lui injecte du pentobarbital, une substance qui paralyse le système nerveux central, coupe la respiration et arrête le cœur.
“Pendant que la substance faisait effet, il a regardé dans notre direction, comme pour chercher de l’aide, raconte Chuck Formosa, un juriste qui s’est joint à la cause de Bernard en 2008 et a assisté à son exécution. C’était la chose la plus dégueulasse que j’ai jamais vue, de les voir tuer mon ami.”
À 21 h 27, Bernard devient la neuvième des treize personnes exécutées au cours des six derniers mois
