Lire dans une boule de cristal est devenu un sport national chez Orange. Christel Heydemann, la nouvelle DG du géant des télécoms, est arrivée aux manettes en avril 2022. Depuis, les salariés étaient sur des charbons ardents, attendant le grand jour, celui de la présentation de la stratégie qui s’est tenue en ce mois de février. « Elle a commencé à réorganiser l’entreprise bien avant d’avoir présenté ses orientations stratégiques », déplore Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange. La fébrilité en interne est compréhensible car des changements de taille se préparent.
Certes, l’opérateur peut se targuer d’avoir une robuste présence internationale (26 pays) et le meilleur réseau mobile en France depuis douze ans, selon l’Arcep. Surtout, c’est grâce à lui que la France est aujourd’hui le pays le plus fibré d’Europe. Mais le marché des télécoms est devenu une jungle. « De 1996 à 2008, c’était un âge d’or, on est passé d’une ère où personne n’utilisait Internet ou de téléphone mobile à une période où quasiment tout le monde le faisait intensivement », explique Pascal Boulnois, cofondateur du cabinet Vertone. Les « telcos » attirent alors en masse les têtes bien faites, avides d’innovations, et sont les rois du pétrole. Sur le papier, ils avaient tout pour le rester. Des SMS rationnés, des photos pixélisées aux séries 4K de Netflix, les télécommunications ont explosé ces dernières années.