ux cimaises, il y aurait la photo de Rase-mottes, mon teckel adoré quand j’étais petit garçon, et le jardin d’hiver de facture classique de la maison de mon enfance. De mes gènes du nord de la Bretagne, aux paysages bruts mêlant granit et Océan, j’ai hérité mon attirance pour la mer. Mon premier réflexe est d’en goûter l’eau. Aussi, une dans la veine de son J’y ajouterais volontiers un atoll au large de Jakarta. Je m’y suis rendu après trois heures de bateau. Couvert de jungle, ce paradis sauvage comporte des îles d’à peine 100 m2 qui ne prendraient pas une place folle dans mon espace marin muséal. Je compléterais bien sûr avec Venise, où je renouvelle à chaque fois mes découvertes, notamment du côté du quartier Dorsoduro qui abrite la dans laquelle sont exposés des chefs-d’œuvre classiques et la collection moderne . En 1993, je me suis marié à Marrakech. Un matin, avec mon épouse, nous avons eu la surprise de croiser dans le jardin Majorelle. Il nous a fait visiter sa Maison bleue et même si je ne suis pas accro à la mode – je dessine mes propres fringues quand je ne trouve pas ce que je veux –, je muséifierais volontiers la vision artistique de ce couturier exceptionnel ainsi que le smoking et la saharienne qu’il a été le premier à adapter pour les femmes. Mon truc, c’est l’épure, donc je créerais une salle aux proportions gigantesques et aux murs de béton brut éclairés de néons. Y trônerait un grand canapé que j’aurais imaginé et tout autour quelques pièces d’art. Je placerais une toile de , une de , une de , que je vénère, et enfin une pièce d’ chez qui tout est immense – du message qu’il véhicule au format des œuvres. Comme j’apprécie les mélanges hors normes, un second espace comprendrait des pièces de design balayant les époques. À coup sûr, un fauteuil de – objet culturel selon moi, que j’ai beaucoup acheté et vendu avant qu’il ne soit réédité par Knoll. Éclairé par un lustre en cascade Venini – j’essaie toujours d’en installer un chez mes clients –, il voisinerait avec un bureau Directoire masculin épuré, une peinture XVIII de , une au dessin décalé, une Ferrari 250 GT Berlinetta SWB – j’ai un faible pour les voitures anciennes et j’estime que certaines sont des œuvres d’art, même la 2 CV ! Le tout serait chapeauté d’une création colossale d’ – on touche le ciel et la terre devant elles – et d’une sphère géante, vue à Venise, d’ – du groupe Continuità, avec Lucio Fontana. Évidemment, si quelqu’un pensait à m’offrir une sculpture de , je lui réserverais une place… Tous ces sculpteurs travaillent l’acier ou le bronze qui, avec le bois et le marbre, sont les matériaux que je préfère. Je sélectionnerais donc aussi des pièces signées des talents rares que j’aime découvrir et avec qui je collabore : des bronziers d’art, des ébénistes, des céramistes, des mosaïstes… , par exemple, ou , dont j’ai été le premier client, aujourd’hui représentée par la galerie Yves Gastou. Notre artisanat s’exporte très bien et notre merveilleux vivier français aurait sa vitrine réservée dans mon univers muséal rêvé.
