L'OFFICIEL HOMMES: D'où vient une envie de film? Une idée de récit, de personnages?
ROMAIN GAVRAS: En général, d'une situation. Avec Ladj Ly (avec Elias Belkeddar, le coscénariste d’Athena, et par ailleurs réalisateur des Misérables, ndlr), on voulait parler d'une situation d'embrasement, la raconter depuis l'intérieur, et d'une certaine manière. Pour moi, la forme et le fond s'allient à parts égales. La façon de la raconter, avec des marqueurs de la tragédie grecque, de parler en symbolique, en immersion dans une idée de temps. Comme dans la tragédie grecque, l'acte de violence à l'origine du récit n'est pas montré, on en prend connaissance à travers le compte-rendu qui en est fait par un des protagonistes principaux. Il y a beaucoup de hors-champ dans le film, comme l'embrasement du pays, ou le deuil de la mère dont on ne voit le visage qu'une fois. Il est pourtant présent dans notre esprit pendant tout le film. Pour nourrir le récit, avec Ladj et les comédiens, on parlait beaucoup des personnages, de leurs profils, de l'idée de fratrie. Le scénario est assez proche du film fini, mais on l'a adapté en fonction du décor, de sa géographie, puisqu'au moment de l’écriture, nous n'avions pas encore le décor.
L'OH: Á ce sujet, la cité est quasiment le personnage principal du film.
C'est pour ça qu'on a appelé le film ainsi, pour l'honorer (il s'agit dans la réalité du quartier du Parc aux lièvres, à Évry-Courcouronnes, dans l'Essonne, ndlr). C'est un huis clos à ciel ouvert. Je trouvais important