Lorsque survient l’une de ces grandes catastrophes qui meurtrissent les cœurs et les âmes, nous gardons à jamais gravé le souvenir de l’endroit où nous étions au moment où la maudite nouvelle nous est parvenue.
Notre-Dame, dévorée par de gigantesques flammes comme surgies de l’enfer, menacée de s’effondrer, fait partie de celles-là. Les images ont sidéré le monde entier. Grande était notre angoisse. Et si elle était réduite demain à un tas de pierres froides, comment ne pas y voir une malédiction ? Un mauvais présage ? C’est la France tout entière qui aurait été amputée d’une lumière, d’une espérance.
« Où étiez-vous, général, le 15 avril 2019 lorsque l’incendie s’est déclaré ?
– J’étais à Saint-Germain-en-Laye, à la maison d’éducation de la Légion d’honneur. L’intendante que j’avais nommée lorsque j’étais grand chancelier m’avait invité à son pot de départ. Je m’y étais rendu par le RER avec mon passe Navigo. Après avoir salué ses collaborateurs, elle m’a remercié de lui avoir transmis ma passion pour les monuments historiques disparus. Je lui avais souvent parlé de mon livre de chevet Histoire du vandalisme, de Louis Réau [éditions Bouquins], qui recense tous les chefs-d’œuvre patrimoniaux saccagés et disparus. Je lui disais souvent que je ne passe jamais près des Tuileries sans un pincement désagréable en pensant à ce grand palais détruit par