ELTAX MONITOR V
Eltax est une marque d’enceintes budget d’origine danoise, désormais membre du groupe français AV-Industry (Elipson, Eltax, Norstone, Tangent, Lumene). Budget n’est pas un gros mot, surtout si l’on considère les Monitor V sous l’angle du rapport prestations/prix. Superbes en finition noyer (elles existent aussi en noir, blanc, calvados, bois clair), leur ébénisterie est soignée, tout comme l’assemblage des haut-parleurs. Rare à ce niveau de gamme, on note la présence d’un bornier permettant le bi-câblage ou la bi-amplification passive. Imposante pour une bibliothèque – son volume interne est d’environ 34 litres –, la Monitor V reçoit deux haut-parleurs, dont un grave-médium de 21 cm, une quasi exclusivité sur une enceinte budget, et un tweeter à dôme souple de 25 mm muni d’une chambre de décompression avec une pièce de feutre pour absorber l’onde arrière. Ce dispositif évite de perturber le dôme par surpression et permet d’abaisser la fréquence de recouvrement entre les deux transducteurs à 1900 Hz. En résulte un filtre à pentes douces (coupe-bas 6 dB/octave, coupe-haut 12 dB/octave). Bénéfice : moins de rotations de phase, une transition plus harmonieuse et une plus grande ouverture. Le volume de charge du 21 cm est accordé en bass-reflex à la valeur de 38 Hz à l’aide d’un évent qui débouche à l’arrière. Tout ceci permet à la Monitor V de couvrir un large spectre entre 42 et 22 000 Hz ±3 dB avec un rendement de 90 dB/W/m pour une tenue en puissance de 150 W maxi.
L’écoute
Le duo piano-violoncelle de Havard Gimse et Truls Mørk donne le ton (extrait A) : il y a beaucoup d’aisance, de respiration et de liberté dans le phrasé du violoncelle et de profondeur dans la façon dont le piano investit l’espace. La présence du 21 cm associé à un volume de charge conséquent assoit le tout et lui donne de l’ampleur. Confrontées à la pièce contemporaine Mar’Eh de Matthias Pintscher (extrait C), les Monitor V ne se désunissent pas : le grave est non seulement profond, mais modelé, articulé, expressif et ample. On est séduit par un équilibre tonal convaincant, avec de très bonnes toniques – les cors dans cette oeuvre – et une définition des timbres ni vulgaire ni par trop simplifiée. Le Rossignol de Stravinsky (extrait E) permet à Natalie Dessay de démontrer la virtuosité et la richesse de sa voix de soprano colorature dans une partition qui exige de réaliser des prouesses. Les Monitor V se montrent à l’aise dans leur façon de traduire à la fois toutes les facettes de cette voix unique dans les aigus, et l’espace décrit par les interventions des instruments qui forment le contrepoint de cette composition littéralement aérienne. Avec les Monitor V, on dépasse toute notion de budget pour aboutir à un état où une certaine forme de vérité l’emporte. Chapeau.
Les + : Une aisance teintée d’opulence.
Les - : Pieds requis (évent arrière).
AUDIO PRO A28
raîchement arrivées sur le marché, les enceintes compactes connectées Audio Pro A28 nous viennent de Suède après un détour par la Chine. A un design sobre, elles ajoutent une qualité de finition remarquable pour le prix : peinture satinée blanche ou noire, patins en gomme sous les enceintes et télécommande en acier brossé. Conçues avant tout pour pouvoir streamer en wifi ou en Bluetooth 4.2, elles sont également adressables via Spotify Connect, Tidal Connect, AirPlay 2 et Chromecast, ou à l’aide de l’application multiroom Audio Pro basée sur une architecture LinkPlay. L’enceinte gauche abrite module de streaming, DAC, amplification de 2x75 W en classe D et récepteur de télécommande, tandis que l’enceinte droite est passive, reliée à la première par un câble HP. Chacune reçoit un système de haut-parleurs à deux voies, un 11 cm à membrane composite et un tweeter de 25 mm protégé par une grille de diffraction. En prime, l’enceinte maître reçoit une connectique plutôt fournie : une entrée ligne RCA pour connecter une platine vinyle munie de son propre étage phono, deux entrées numériques eARC et Toslink (seulement PCM) pour recevoir le son d’un téléviseur, et même une sortie Sub.
L’écoute
Les A28 n’ont beau mesurer que 15 cm en largeur, 24 cm en hauteur et tout juste 20 cm en profondeur, elles surprennent par l’ampleur de la scène sonore qu’elles installent sans effort, dans un local aussi vaste que notre auditorium d’environ 35 m². Posées sur des pieds, nous n’avons pas noté de déséquilibre notoire, après une légère accentuation du grave dans l’application. Comment les décrire ? Par une véritable notion d’élégance et de détachement. La Sonate pour violoncelle et piano de Frank Bridge, lue sur Qobuz (extrait A), est particulièrement séduisante : les sonorités sont légères, libérées des contingences habituelles inhérentes Symphonie no 3
