C’est donc elle, la redoutable Laura Codruta Kövesi. La pasionaria roumaine du combat contre la corruption, terreur des élus ripoux de son pays pendant de longues années. La première cheffe du tout jeune parquet européen, lancée aux trousses des voleurs de TVA intracommunautaire, truqueurs de marchés publics, pilleurs de subventions bruxelloises et autres vide-goussets depuis le 1er juin 2021. Ces jours-ci, l’inflexible procureure ferait volontiers la chasse aux corrompus du Parlement de Strasbourg, dont la vice-présidente, Eva Kaili, et plusieurs acolytes sont soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin du Maroc et du Qatar. Seulement voilà : il faut pour cela que les finances de l’Union soient lésées, ce qu’il reste à démontrer. La question d’une saisine du parquet européen dans ce dossier, pour l’heure supervisé par le parquet fédéral belge, n’en fait pas moins l’objet de discrètes discussions.
Pourtant, Mme Kövesi n’a ni « trois têtes, ni cinq mains, ni des pouvoirs surnaturels », comme elle l’a précisé à un magazine féminin. Pas de « baguette magique » en vue, non plus, dans ses bureaux ultramodernes du quartier du Kirchberg à Luxembourg. Dans cette tour de verre, le credo du Bureau du procureur général européen, le nom officiel de cette institution, s’affiche au détour de chaque couloir : « Protecting EU taxpayers’ money from criminals » – mettre l’argent des contribuables européens à l’abri des criminels.
plaisante Laura Kövesi, 49 ans, dans un anglais fluide qui roule lestout en posant café et petits gâteaux devant ses visiteurs. C’est vrai. Néanmoins, elle en impose