C’est l’histoire d’une petite marque qui monte, qui monte… Et qui n’en finit pas d’avoir du talent. Si sa production reste confidentielle, la justesse de ses conceptions mécaniques et ses lauriers récoltés en compétition lui donnent vite une place de choix dans le cœur des Français.
L’histoire est d’autant plus belle que cette marque est vraiment l’œuvre d’un homme, inventif et passionné : Jean Rédélé.
Jean Rédélé n’est pas n’importe qui. Fils de garagiste, il se passionne immédiatement pour l’automobile. Il ne néglige pas pour autant ses études et sort diplômé d’HEC. En décembre 1946, à 24 ans, il commence sa carrière comme concessionnaire Renault à Dieppe : le plus jeune de la marque en France ! Et il devient pilote. Un pilote… très talentueux. Il court sur la petite Renault de l’époque, la 4CV, méticuleusement améliorée par ses soins.
L’optimisation mécanique, c’est son domaine. Mais il comprend aussi que la clé du succès, c’est une auto redessinée, avec moins de poids et une meilleure aérodynamique. Sa première voiture re-carrossée est un coach 4CV dessiné par l’Italien Michelotti, en 1952. Le démon de la créativité le titille et il décide de créer sa propre marque en 1955 : Alpine. Joli nom donné en référence à ses succès dans les courses des Alpes. Son premier modèle ? L’A106. Un coupé minuscule, à partir duquel il va construire tout le futur de sa marque, étoffant sans cesse les mécaniques, pour atteindre des performances merveilleusement élevées, à partir de cylindrées restant modestes. Un cocktail réjouissant. Et une étincelante réussite.
DE L’A106 À L’A108
DES DÉBUTS PROMETTEURS
A106 251 EXEMPLAIRES
A108 2 322 EXEMPLAIRES
Tout est dans l’art de bien faire. Les Alpine sont des réalisations artisanales, mais élaborées selon des critères exigeants, pour obtenir le meilleur à partir de mécaniques ultra-modestes. Première de la lignée, l’A106. Plus minimaliste, pas possible : imaginez un minuscule coupé de 3,70 m et 550 kg. Une carrosserie légère, en matériaux composites: fibre de verre / polyester / résine. Le tout sur le châssis on neà 3 paliers de la très humble 4CV, de 21 ch SAE comme sur la Renault. Ce qui lui permet de gratter un petit 115 km/h. Unique fois qu’une Alpine récupérera un moteur de série, sans modification. Mais rassurez-vous : le gentil démon de la performance titille Jean Rédélé. Par la magie d’un carburateur double-corps, ce même moteur va aligner 30 ch SAE, garantissant un joli 125 km/h. Quelques aménagements d’échappement et un second carbu double-corps lui permettent d’atteindre 42 ch à 6 200 tr/mn, régime exceptionnellement élevé, bien loin des 4 100 tr/mn initiaux. 153 km/h revendiqués. C’est le début de l’escalade.