LES INCONTOURNABLES
SVETLANA ALEXIEVITCH
■ La guerre n'a pas un visage de femme (1985)
■ La Supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse (1997)
Essentiellement dévolu, chez nous, aux confessions de célébrités, le genre témoignage peut relever de la grande littérature, et la Biélorusse Svetlana Alexievitch en a si bien fait la démonstration qu'elle a décroché le prix Nobel en 2015. Sa spécialité: aller voir les témoins d'un événement majeur – la Seconde Guerre mondiale, le désastre de Tchernobyl, la guerre d'Afghanistan –et les questionner inlassablement, jusqu'à percer la couche des récits convenus pour voir jaillir des histoires jamais avouées. Dans elle s'intéresse ainsi aux femmes volontaires de l'Armée rouge qui ont combattu les nazis – pour être traitées de filles à soldats », dit un irradié de Tchernobyl dans Ce livre s'ouvre sur la bouleversante déclaration d'amour d'une femme à son mari pompier qui a été l'un des premiers à intervenir sur le réacteur défaillant. « », lui dit une infirmière. Svetlana Alexievitch sait extraire des vérités qui ont le goût de la littérature, non pour nous éblouir, mais pour rendre ineffaçables les drames dont elles témoignent.