Près de 500 pages n’étaient pas de trop pour percer le mystère d’Anna Wintour, prêtresse de la mode incarnée à l’écran par Meryl Streep dans. Heureusement, la réalité est plus nuancée, constate la journaliste Amy Odell dans cette biographie non autorisée de la puissante patronne de . De même que son look forgé depuis l’adolescence – carré court lissé et lunettes fumées, silhouette inchangée depuis ses 18 ans – relève du logo publicitaire, sa personnalité est pétrie de contradictions qui en font toute la force. Sa vie amoureuse fut tumultueuse ? Pourtant, elle ne s’est jamais couchée après 23 h 30. Elle a cassé les codes de la vénérable revue avec succès – sa première couverture avec Madonna a déclenché un bond de 200 000 ventes supplémentaires ? Pourtant, elle se contente d’obéir aux préceptes que lui a inculqués son père, Charles Wintour, ancien rédacteur en chef du , surnommé Charlie le Glaçon. L’arme du pouvoir, c’est le silence. On la dit froide comme l’hiver ( en anglais), et pourtant, apprend-on ici, quand elle ne sadise pas ses assistantes, Anna Wintour cuisine pour de grandes tablées et change les couches de ses petits-enfants dans sa maison de Long Island. Elle rit et pleure aussi parfois. Elle redevient la fille qui a remplacé un frère aîné, mort tragiquement dans sa prime enfance.
