C’est par une douce soirée d’août que je retrouve Steven Meisel sur les docks de La Corogne, ville portuaire du nord-ouest de l’Espagne. En novembre débutera une rétrospective exceptionnelle de ses travaux, 1993 A Year in Photographs, qui se tiendra dans le sublime écrin conçu par l’architecte Elsa Urquijo pour la Fondation MOP. Le projet de cette nouvelle institution a été forgé par Marta Ortega Pérez, la présidente d’Inditex, afin d’amener des expositions phares dans la ville de La Corogne.
Étant l’un des photographes les plus célèbres au monde, Steven Meisel est sans cesse par monts et par vaux. Au moment de notre entretien, il se trouve dans son studio new-yorkais et je lui parle depuis la France. Nous nous affranchissons vite de l’espace et du temps pour revenir ensemble sur cette année 1993. Quelques repères: Bill Clinton est président des États-Unis, Nirvana explose dans le monde entier, Prince vient de troquer son nom pour un symbole et Steven, tout frais émoulu de Sex, sa géniale collaboration avec Madonna, s’apprête à vivre une période de créativité d’une intensité sans précédent.
Lors de ces et plus d’une centaine de séries, dont la légendaire “Anglo-Saxon Attitude” parue dans le numéro de décembre du . Il ne s’explique toujours pas ce foisonnement: “Je ne prends jamais le temps de revenir sur mon travail à moins d’y être contraint, confie-t-il. Ce qui fait que j’ai eu un vrai choc quand mon agent m’a montré tout ce que j’avais réalisé cette année-là. Mon seul souvenir, c’est qu’il me disait que j’avais ce shoot à tel endroit, un autre à tel autre endroit et que j’y allais. L’oeuvre naît de façon instinctive, organique. J’ai ces visions depuis que je suis tout petit.” On retrouve, dans l’exposition, une galerie de portraits: “Un ensemble de personnages extraordinaires que j’ai trouvé très inspirants, beaux et intéressants, développe-t-il. Je pense que j’ai le talent pour trouver les bonnes personnes, les révéler, dans les différentes significations du terme, qu’il s’agisse de mannequins ou non.”