uand le laid, par usage et par usure, devient beau, voire culte, la faute en incombe au conflit fonction/esthétique. Y ajouter une dose de porn-design totalement décalée, pour obtenir des objets hissés au rang d’icônes. Ainsi du filet à provisions, passé de l’utile à l’agréable non sans cocher toutes les caseshybridé, et décliné en six couleurs. Oukase stylistique qui ne tarde pas à faire des émules dans le sérail de la mode, le filet à provisions revient pourtant de loin. Nul inventeur méconnu, aucun designer pour attester de ses origines, aussi vernaculaires que celles du chaudron en cuivre. Ramené dans les rets de l’Antiquité, ouvrage tricoté-noué, cousin du hamac, du filet à bagages, voire du filet à cheveux, le filet à provisions tel qu’on le connaît aujourd’hui connut son heure de gloire dès la fin du XIXsiècle avec apothéose épicière durant l’entre-deux-guerres. Complément indispensable du cabas en toile, périmé par le sac plastique puis le totebag, véritable sac de nœuds, l’objet a repris du service sur fond de quincaille-revival, au même titre que le verre Duralex, la pince à linge en bois ou le torchon au mètre. Poids léger en courses, pratique, roulé en boule au fond d’un sac ou d’une poche de veste Le Laboureur, il doit notamment son regain et sa mise en couleurs à la maison Filt 1860 – à qui Longchamp s’adressa pour produire son propre Pliagemi-cuir mi-.
Coup de filet
Oct 23, 2022
2 minutes
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