IMAGINEZ UN MONDE où votre assurance est totalement personnalisée, où la formation de vos enfants se fait grâce à un tuteur virtuel en réalité augmentée et où l’on reconvertit les chauffeurs routiers en réparateurs de robots. Dystopie pour les uns, c’est au contraire pour Kai-Fu Lee une utopie qu’il faut s’efforcer d’atteindre. Mieux, nombre de ces technologies, issues de l’IA, seront disponibles, selon lui, dans vingt ans. C’est le propos de son dernier ouvrage, IA 2042 : 10 scénarios pour notre futur (Les Arènes), coécrit avec le romancier de science-fiction Chen Qiufan. Après le retentissant I.A. La plus grande mutation de l’histoire (Les Arènes, 2019),l’ancien premier président de Google en Chine, qui a démarré sa carrière de chercheur en informatique dans la Silicon Valley, nous emmène dans le futur proche. L’Express a rencontré en exclusivité ce dirigeant visionnaire mais aussi surprenant, à la fois intraitable vis-à-vis de ceux qui rechignent devant la technologie et persuadé des bienfaits collectifs de l’IA pour l’humanité. Pour lui, grâce à elle, l’éradication de la pauvreté et même la « plénitude » sont au coin de la rue. La transition ne sera pas aisée et il ne cache pas que l’IA détruira des emplois à court terme, mais ce sera au profit d’une véritable « renaissance » pour nos sociétés. Au passage, il engage l’Europe à être plus audacieuse dans sa politique d’innovation.
Au début du livre, vous citez un extrait frappant de votre candidature pour votre doctorat en philosophie : « L’IA constitue pour l’homme l’étape ultime sur le chemin menant à la découverte de sa nature profonde et mon souhait le plus cher est de pouvoir contribuer à cette science émergente, mais prometteuse. » Pouvezvous nous en dire plus ?
Depuis mon enfance, je suis fasciné par les problèmes complexes. Quand j’ai rencontré l’IA, j’ai pensé qu’il n’y avait pas un plus grand défi que