« Navré de vous décevoir, mais il n’y a rien de moins sauvage que ces landes couvertes de bruyère, c’est un désert écologique. Quand vous sortirez d’ici, allez-y, roulez vers l’est, vous comprendrez. C’est un paysage industrialisé sur des millions d’hectares dans un seul but: chasser une seule espèce, la grouse, ou lagopède des saules. » Pendant que Peter Cairns nous assomme de cette perturbante assertion, les sommets indolents de la chaîne des Cairngorms semblent se détacher de l’horizon comme pour contredire ce que l’on n’a pas envie d’entendre. Car au creux des vallées glaciaires qui s’ouvrent au pied de ces montagnes, des lochs de toute beauté s’étirent sur des kilomètres. On peut y voir des cerfs, des oiseaux, de la toundra et oui, de la bruyère. Un téléski également.
Le parc national des Cairngorms est considéré comme l’un des vingt plus beaux endroits du monde. Peter Cairns est photographe de vie sauvage et vit ici, à Glenfeshie, au bord d’une rivière. The Big Picture, l’ONG qu’il a fondée, est dédiée au réensauvagement. Ce mouvement écologiste, qui commence à gagner l’Europe, traverse l’Écosse comme une lame de fond. The Scottish Rewilding Alliance, réseau de près d’une trentaine d’associations et ONG, appelle au réensauvagement de 30 % des terres du pays. Certains écologistes préfèrent parler