« Il y a une dizaine d’années, avant de me lancer dans l’agriculture, j’étais designer industriel. J’ai aimé ce métier, car il me permettait de comprendre comment on fait exister ces objets qui nous entourent, comment fonctionne la plante d’indigo au pigment presque noir qui fait la fierté des Okinawaïens. Auprès d’un paysan de 84 ans, et de sa relève, j’ai appris à bouturer, planter, récolter et faire fermenter cette plante pour en exprimer le précieux pigment textile. Là-bas, j’ai observé les efforts, la délicatesse humaine investis dans la lente quête de cet or bleu si respectueux. Mais au fond, le problème restait entier: avais-je envie de continuer à livrer mon énergie pour créer plus d’objets, dans une société qui devrait se penser en contraction plutôt qu’en expansion? Alors, je me suis promis que ce bleu ancien resterait une passion secrète, que les objets ne se multiplieraient pas comme des petits pains entre mes mains, et que les fleurs, ces douces éphémères qui colorent le monde sans laisser aucune trace derrière elles, deviendraient ma profession. »
