Chris Killip Les naufragés
Fin des années 1970, l’Angleterre voit sa glorieuse industrie sombrer sous les coups de boutoir de la mondialisation. Le Nord ouvrier est particulièrement touché, les usines ferment, l’inflation explose, la société s’effrite, l’espoir s’envole. Chris Killip est l’un des grands chroniqueurs de cette désindustrialisation dramatique. Ses images témoignent de la destruction soudaine de modes de vie en place depuis des siècles. Si son œuvre est éminemment politique, elle est par essence assez complexe pour passer l’épreuve du temps et être regardée aujourd’hui avec autant de fraîcheur. Killip ne s’est jamais considéré comme un photographe documentaire au sens strict. Ne prévient-il pas le lecteur, en introduction (1989), qu’il s’agit là de fiction ? Dans l’édition originale, les photos ne sont même pas légendées, et il faudra attendre la réédition de 2016 pour qu’elles le soient. Comme Walker Evans, qu’il admire, il adopte une approche distanciée, faussement neutre par rapport à ses sujets. Le travail de Killip présente aussi des similitudes avec celui de Josef Koudelka, dont il était devenu proche. Comme ce dernier, il photographie l’Histoire en marche à travers un regard libéré de l’orthodoxie de la photographie humaniste.
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