La Russie n’avait pas encore envahi l’Ukraine et Poutine, si sa brutalité affleurante ne laissait pas d’inquiéter, était encore jugé tout à fait fréquentable par les démocraties occidentales. Le 16 novembre 2009, Sergueï Magnitski, juriste fiscaliste russe employé par le fonds d’investissement Hermitage Capital, meurt après avoir été passé à tabac dans une prison moscovite. Il enquêtait sur une arnaque fiscale, pour un montant de 230 millions de dollars, opérée au détriment de l’État russe et sur le dos d’Hermitage. Le patron du fonds d’investissement, Bill Browder, qui cultivait jusque-là une grande obligeance à l’égard du Kremlin, s’était rebellé contre la prédation d’État qui lésait ses affaires.
Le financier est alors parti en croisade pour faire châtier les responsables du meurtre de Sergueï Magnitski, qui étaient aussi, pour la plupart, ceux du « vol » dont son fonds se considérait victime. Face à lui : des fonctionnaires corrompus et un certain Dimitri Kliouev, trait d’union selon Browder entre le Kremlin et le crime organisé. Puis il est apparu que Poutine lui-même était le commanditaire et le bénéficiaire principal de ce pillage en règle de l’économie russe…
Dans, Bill Browder poursuit l’effarant récit entamé en 2016 dans un premier livre, : celui de sa lutte pour démasquer les malfrats à la solde du Kremlin et faire voter une « loi Magnitski », d’abord aux États-Unis (en 2012) puis dans d’autres pays, gelant les actifs et restreignant la mobilité des citoyens russes impliqués dans l’affaire. Au prix d’un âpre bras de fer avec Poutine et ses affidés, qui feront de l’homme d’affaires leur bête noire et leur cible au cœur même de l’Amérique