Booba, culture clash
Monoprix de Villejuif, été 1992. Un ado timide de 16 ans, Élie Yaffa, démarre un stage BEP vente : « Le gérant m’a mis au rayon confitures avec un père algérien qui devait avoir la soixantaine. Là, je me suis vu ranger des pots toute ma vie. Je me suis barré. » Un peu plus tard, à quelques stations de métro de là : « Je me suis incrusté chez Ticaret, un magasin de rap très connu. J’avais des dents en or, j’écoutais du rap, je faisais des sons dans la cave. C’était magnifique. » Trente ans après, rares sont ceux qui se souviennent d’Élie Yaffa mais tout le monde connaît Booba, géant de 1,92 mètre au corps bodybuildé. Côté face, un multimillionnaire du rap, à la fois chanteur, producteur et businessman avisé, qui a annoncé, l’an passé, que son dixième album, Ultra, serait le dernier. Côté pile, un grand gamin de 45 ans aussi incontrôlable qu’impétueux, plusieurs fois passé par la case prison.
Ces derniers mois, le « duc de Boulogne » (l’un de ses nombreux surnoms, avec « B2O » ou « Kopp » pour les intimes) a surtout affolé son compte Twitter (5,7 millions d’abonnés) à coups de sorties controversées, « aux relents trumpistes, c’est triste », grince l’un des intellectuels qui l’encensaient jusqu’alors. Un Janus 2.0 ? Booba en convient : « J’ai mon caractère, on va dire. Plus cool en entretien qu’on ne l’aurait cru, le roi des ratpis (« pirates » en verlan, comme il surnomme ses fans) s’est même laissé aller à ouvrir le coffre aux souvenirs depuis Miami, où il s’est installé en 2007. Villa de luxe, piscine et Ferrari. Bien loin des confitures, vingt-cinq ans que ça dure.
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