En Suède, le brûlant débat sur les enfants transgenres
Le regard de Johanna raconte un voyage, un très long voyage dont elle est revenue et qui aurait déposé comme un voile de douce tristesse dans ses yeux bleuvert. Ou peut-être de lucidité que seuls celles et ceux qui ont traversé des contrées inconnues portent sur l’existence. Dès l’enfance, la relation à son corps est difficile. À l’adolescence, le mal-être la submerge: dépression, scarifications, anorexie, tentative de suicide, hospitalisation… « Je regardais des vidéos de transgenres sur Internet et j’ai rencontré un garçon trans qui avait l’air heureux dans son corps. Il m’a simplement dit d’explorer mon genre. C’était peut-être ça la source de mon problème. À 17 ans, j’ai fait mon coming-out, j’ai annoncé que j’étais un garçon », raconte-t-elle, calée sur le canapé de sa chambre, dans une cité universitaire à Lund. Elle fait alors disparaître tout signe de féminité, bande ses seins, porte des vêtements masculins et se choisit un prénom de garçon, Kasper : « J’ai ressenti un mieux-être dans mon corps. C’était intense. Cela n’a pas duré », se rappelle-t-elle. À 19 ans, elle renoue avec Johanna. « Mais je n’ai jamais menti, j’étais Kasper, c’était ma vérité », raconte l’étudiante en médecine de 22 ans.
Johanna a souffert de dysphorie
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