Belle de nuit
l est 19 heures à Madrid et la température frôle encore les 40 degrés. Dans les couloirs d’un palace, une amazone à la silhouette athlétique garde la porte d’une suite. Pourquoi ? Pour qui ? Pour Virginie Efira. Fraîchement arrivée dans la capitale espagnole, la comédienne et maîtresse de son premier film tourné post-Covid sous la direction de Rebecca Zlotowski projeté à la prochaine Mostra de Venise. Une histoire de couple, et de rapport ambigu entre une femme et un enfant qui n’est pas le sien, un ordinaire-extraordinaire comme sait le filmer la réalisatrice de(2013) et (2019). Virgine Efira l’avait découverte à la Cinémathèque, lors de la projection de qui l’avait laissée dans un drôle d’état. « La métaphore est un peu douteuse, explique-t-elle, mais quand j’ai rencontré Rebecca, c’était un peu comme ces coups de foudre qui vous laissent dans l’impossibilité de parler. J’aurais pu y aller entre six sanglots, mais finalement, les choses se sont faites sans drame, dans une perspective de travail. » Ainsi l’actrice poursuit, film après film, un chemin exigeant du côté du cinéma d’auteur. Et, aussi piquante et drôle soit-elle, elle se glisse dans ces histoires du quotidien plutôt que dans les récits néobibliques des super-héros. « Je crois que c’est Proust qui disait : “Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps.” Et toute l’idée ce film, c’est ça : le grandiose et l’universel, ce qui reste et ce qui se dissout, en un mot : l’existence. » À l’écouter, elle est aussi le « produit d’une génération, peut-être ringarde, soit, mais qui a des choses à dire. J’ai encore envie de décharges, d’émotion, sinon le cinéma, ça devient comme le MacDonald’s : quelque chose de très doux, mais d’un peu insipide. »
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