Parmi l’ensemble des espèces chassables en France, Phasianus colchicus arrive en deuxième position, talonnant le pigeon ramier en matière de prélèvements avec plus de trois millions d’individus soustraits à la population chaque saison. Enfin, soustraits à la population, pas vraiment… Les prélèvements sur les galliformes de plaine reflètent tristement davantage l’intensité des lâchers que les densités véritablement présentes à l’état sauvage. Actuellement, plus de 90 % des faisans prélevés seraient issus d’élevage pour un total de quinze millions de ces oiseaux lâchés en France chaque saison. Face à un tel raz de marée d’animaux d’élevage, difficile d’obtenir des données fiables concernant les oiseaux implantés sur le territoire national, la fameuse souche sauvage. Et finalement, le faisan sauvage existe-t-il réellement?
Un peu d’histoire…
Contrairement aux perdrix grises et rouges qui foulent les sols français depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, le faisan n’est pas une espèce endémique dans l’Hexagone. Les premiers faisans européens auraient été importés de l’actuelle Géorgie par les Romains, qui auraient transporté ces oiseaux d’ornement au fil de leurs conquêtes. Par la suite, une diffusion relativement importante aurait eu lieu entre les V et VIII siècles après Jésus-Christ à. Diverses populations relâchées ou échappées de volières se seraient établies ici et là, notamment sur le bassin méditerranéen jusqu’au XVIIIe siècle. À cette époque, le Vieux Continent découvre tout le potentiel cynégétique qu’offre l’oiseau, et d’autres sous-espèces ont alors été introduites, dont et . Deux siècles s’écoulent, et les populations progressent naturellement sans réel apport significatif de la main de l’homme en matière de génétique.