Ukraine, monde musulman, Taïwan… les ratés du Choc des civilisations
C’EST UN FILM CATASTROPHE scénarisé par un géopoliticien sorti de Harvard. « Supposons que nous soyons en 2010 », envisage Samuel Huntington dans le dernier chapitre de son Choc des civilisations (1996). La Corée a été réunifiée, Taïwan et la Chine se sont rapprochés. Enhardie, cette dernière décide d’envahir le Vietnam, et se retrouve au bord d’un conflit nucléaire avec les EtatsUnis. Profitant du chaos, l’Inde lance une offensive contre le Pakistan, les « Arabes » attaquent massivement Israël, le Japon s’engage au côté de la Chine, tandis que la Russie entre en guerre contre cette dernière. L’anarchie se répand en Europe: chrétiens croates et serbes se battent contre musulmans bosniaques, albanais et turcs. Partant d’Algérie, un missile porteur d’une charge nucléaire « explose dans les environs de Marseille ». L’Otan réplique par des frappes dans le Maghreb, tout en admettant la Russie comme Etat membre…
Un quart de siècle, le philosophe normand classe Huntington parmi ces intellectuels victimes d’une chasse aux sorcières pour « avoir dit la vérité », tels le dissident Soljenitsyne ou le sinologue Simon Leys. Sauf qu’à la place du stalinisme et du maoïsme, Huntington aurait été censuré par les « idéologues de Davos ». Curieux, au regard de la prestigieuse carrière de celui qui fut professeur à Harvard durant un demisiècle, presque jusqu’à sa mort en 2008.
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