Un Occident rongé par le nihilisme, de plus en plus isolé, et qui court à sa perte face à la Russie et à la Chine. Paru chez Gallimard le 11 janvier, l’essai d’Emmanuel Todd, La Défaite de l’Occident, s’est déjà vendu à plus de 20 000 exemplaires, selon Edistat. L’anthropologue avait prédit en 1976 l’effondrement de l’Union soviétique. Près de cinquante ans plus tard, il annonce la « désintégration » de l’Occident et de son bras armé, l’Otan. On peut rétorquer que ce succès de librairie marque avant tout la défaite de la rigueur universitaire. Emmanuel Todd y mêle partis pris prorusses, pifomètre macroéconomique et psychanalyse des nations. A le lire, l’invasion de l’Ukraine est moins une agression russe que la faute d’une Amérique submergée par une pulsion de violence. En voulant défendre l’intégrité de son territoire, l’Ukraine témoignerait de son « attachement pathologique à la Russie (sic) ». L’essayiste y cite comme source fiable l’enquête, parue sur un blog, de Seymour Hersh, 86 ans, qui accuse les Etats-Unis du sabotage des gazoducs Nord Stream. Mais, le comble, c’est que le régime de Poutine est qualifié de « démocratie autoritaire », tandis que les démocraties occidentales ne seraient que des « oligarchies libérales ».
En dépit de ses outrances, l’ouvrage avance des arguments qui méritent d’être débattus sur le