Le réprouvé de Wimbledon
Cette année, Boris Becker, 54 ans, a déclaré forfait pour Wimbledon. L’ancien tennisman allemand ne promène pas sa tignasse décolorée et sa bonhomie bedonnante dans les vertes allées du All England Lawn Tennis & Croquet Club, au sud-ouest de Londres. Il ne commente pas les échanges sur le gazon du plus vieux tournoi du monde pour la BBC ou Eurosport. Ne déjeune pas au Players’ Lounge, ce confortable salon où se mêlent joueurs et journalistes. Ne signe pas d’autographes au bord du Centre Court, où l’étiquette exige que l’on joue vêtu de blanc.
Le « champ’ », sept fois finaliste, trois fois vainqueur de la coupe dorée coiffée d’un ananas, ne viendra pas cette année ni peut-être l’an prochain. Il n’est pas loin, pourtant : « Boum-Boum » Becker, l’homme capable comme personne d’arracher un point en deux coups de raquette, dort depuis quelques semaines à 60 petits kilomètres de Wimbledon, derrière les grillages de la prison de Huntercombe, près de Henley-on-Thames.
Le 29 avril 2022, le tribunal londonien de Southwark lui a infligé deux ans et demi d’emprisonnement. Ce jour-là, sa cravate aux couleurs de Wimbledon, le violet et le vert, ne lui a pas porté chance. Oui, ont tranché les juges, Mister Becker est coupable d’avoir escamoté une partie de son patrimoine pour échapper à ses créanciers. Il a caché un titre de propriété immobilière ici, des actions là. Transféré de l’argent entre ses comptes professionnels et personnels et omis de déclarer un emprunt. Cinq ans plus tôt, d’autres magistrats anglais l’avaient déclaré en faillite personnelle. Car le kaiser Boris est endetté jusqu’aux oreilles. Fauché. Ruiné. Envolée, à 120 millions d’euros, acquise de primes de match en contrats publicitaires, de livres en collaborations avec des chaînes de télé.
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