DANS LE JARDIN DE MASAMI CHARLOTTE “LE PARFUM DE LA SERRE, C’EST TOUTE LA DÉLICATESSE DE L’ENFANCE DES PLANTES”
« Les journées à la ferme florale pourraient être perçues comme un flot continu d’odeurs: bien sûr, les innombrables notes qu’exhalent les fleurs chauffées par le soleil, les parfums verts des feuillages froissés en passant, mais (“pierre”) et (“le sang des dieux”) pour définir le parfum si caractéristique qui émane d’une terre chaude lorsqu’elle est enfin mouillée par la pluie. C’est notamment la géosmine, un composé chimique volatil sécrété par certaines bactéries, qui signe ce jus si particulier des sols abreuvés. Ce que je pense aimer dans ce sillage, c’est le confort qu’il suggère. En anglais, les pépinières sont appelées “plant nurseries”, pouponnières végétales. Et c’est effectivement ce qu’on fait dans une serre de propagation: pouponner. On y rassemble tous les éléments nécessaires au confort absolu des enfants-plantes – des semences lovées au creux de petits nids individuels de terreau, continuellement bordées d’eau, de nutriments, de lumière et de chaleur. En pépinière, les jeunes plants sont si protégés qu’à l’approche de leur majorité végétale – l’âge où ils devront être repiqués en pleine terre et en plein air –, on s’emploie à les préparer au monde extérieur. Arrivés à une dizaine de centimètres de hauteur et armés de quelques étages de feuilles, ils doivent être sortis régulièrement de la serre en journée pour être soumis aux forces du vent, du soleil direct, des températures plus fraîches, et rentrés à nouveau si la nuit s’annonce froide. C’est donc toute la délicatesse de l’enfance des plantes que je retrouve à chaque fois que je hume ce parfum de serre, mélange de chlorophylle chaude et de terreau humide. Ce qui ne serait pas nécessairement perçu comme une bonne odeur est devenu, à mon nez, une fragrance fière: celle d’avoir réalisé mon rêve, le rêve d’être agricultrice. »
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