CRYPTO.COM EST SUR TOUS
C’EST PAR MATT DAMON que j’ai entendu parler de Crypto.com pour la première fois. C’était dans une pub, il faut le préciser. Je savais déjà que les cryptomonnaies intéressaient beaucoup de gens mais je n’avais toujours pas compris à quoi elles servaient. Alors quand j’ai vu l’acteur me vanter leurs mérites, je me suis dit qu’il était temps de m’y mettre. Depuis, j’ai aperçu le logo à tête de lion de Crypto.com en tombant sur des matchs de l’UFC, de la NHL ou des Sixers de Philadelphie. En novembre 2021, l’entreprise a acheté les droits d’appellation du stade des Lakers à Los Angeles pour 670 millions d’euros, et pendant le Super Bowl elle a diffusé un spot avec LeBron James. Et puis en mars, elle a annoncé qu’elle parrainerait la Coupe du monde de foot.
AUJOURD’HUI, LA PLATEFORME d’échange Crypto.com gagne la majeure partie de ses revenus grâce aux frais de transactions appliqués aux usagers. Elle courtise les petits investisseurs mais n’est pas seule sur ce créneau, déjà occupé par des mastodontes comme FTX ou Coinbase. FTX possède les droits d’appellation du stade de basket de Miami, et Coinbase – entré en bourse en 2021 avec des marges bénéficiaires plus importantes que celles de Google – est le partenaire exclusif de la NBA dans le domaine des plateformes crypto. Si vous allez voir les Sixers vont jouer à Miami et que le match est diffusé sur un réseau national, ce sera vraiment dur de louper les logos de ces trois marques.
Face à ce déluge publicitaire, je me dis d’abord que Crypto.com jette de l’argent par les fenêtres. Et d’une certaine façon, c’est le cas. Mais à ma grande surprise, leurs offres de sponsoring ne sont pas les plus lucratives du milieu. Non : l’influence croissante de l’entreprise n’est pas tant due à sa générosité qu’à l’étonnante stratégie de son PDG, Kris Marszalek, un entrepreneur de 42 ans né en Pologne et résidant à Hong Kong.
“Dans ce genre de négociations, c’est sûr qu’il faut toujours un gros chèque”, me confie-t-il lors d’un entretien Zoom. “Mais dès que les enjeux deviennent vraiment sérieux, ça ne suffit pas.” Marszalek parle d’une voix monocorde, où l’on ne perçoit jamais la moindre trace d’émotion. Il porte toujours des vêtements passe-partout, une veste de costume ou un sweat à capuche orné. Grand front, début de calvitie, petites lunettes sans monture… Moi qui m’attendais à rencontrer une sorte de gourou, capable de décrocher des contrats en claquant des doigts, je me retrouve face à un mec qu’on imaginerait plutôt réparer des imprimantes.
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